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HISTOIRE DE L'EUROPE (Prologue) : La Grèce avant Homère

Dernière mise à jour : 1 oct. 2022


Vase aux guerriers, Mycènes, XIIe siècle av. J-C, Musée national archéologique d'Athènes



Introduction


« L’intérêt de la Grèce et son importance, c’est que ce petit rectangle de collines, de bois, de plaines et de montagnes entouré d’îles et strié de cigales bavardes, n’a pas cessé, depuis deux mille ans, d’être l’auberge espagnole de la culture : on trouve en Grèce ce qu’on y apporte, et un peu davantage. Le moine de Cluny, le poète louis-quatorzien, le romantique allemand, le militant révolutionnaire contemporain ont pu tous faire le voyage de Grèce (au propre ou au figuré) et en revenir enrichis. Chacun s’est fait de la Grèce une image partiale, partielle et exacte, chacun d’eux lui a posé des questions différentes, et aucun n’a été éconduit. La Grèce est inépuisable. »

C. Roy, Le Commerce des classiques, p. 27-28


Cette histoire de l'Europe doit commencer par une histoire de la Grèce. C'est dans l'extrême pointe rocailleuse des Balkans et sur les côtes égéennes que naquit sa civilisation.

Impératif sans doute arbitraire, conception rétrospective et abstraite, cette définition de l'histoire de l'Europe ne peut valoir de tous temps et en tout lieu. Il y eut, avant la Grèce et à part de la Grèce, d'autres Europe : l'Europe des Celtes, des Germains, des peuples italiques, des Slaves. Mais encore ces Europe-là ne sont-elles européennes qu'en géographie. Ce n'est pas cette géographie qui m'intéresse ici.

Bien plutôt, je veux raconter le développement des arts, des sciences, de la pensée, de la religion, la succession des hommes et des évènements qui devait aboutir à la Civilisation, celle d'Homère, d'abord, celle d'Hésiode, d'Eschyle, de Sophocle, d'Euripide, celle de Phidias et de Scopas, celle de Thalès, de Platon, d'Aristote, celle de Lycurgue, de Pisistrate, de Thémistocle, d'Aristide et d'Epaminondas, celle de leur héritage et de leurs héritiers, de Rome, du Christianisme, de la Renaissance, du Classicisme, de la Modernité, bref celle de la tradition européenne qui, en esprit, d'une manière ou d'une autre, a été, est et sera... grecque.

Mais de la même manière que l'Europe est un continent avant d'être une civilisation, les Grecs furent un peuple avant d'être une spiritualité. Or l'histoire de ce peuple plonge ses racines dans les millénaires. Avant d'être cette Mère familière, ce monde des cités, des artistes, des phalanges et des philosophes dans lequel nous plaçons notre européanité, la Grèce fut d'abord celle des Ages du Fer et du Bronze.

Je veux donc ici, en guise de contexte, faire le récit des quelques 1500 ans qui précédèrent Homère, d'abord en revenant rapidement sur les civilisations helladiques de l'Age du Bronze grec, les Minyens et les Mycéniens, puis sur celle de l'Age du Fer, qu'on appelle la Grèce géométrique. Je m'attarderai tout particulièrement sur l'histoire de la deuxième moitié du IXe siècle, dans laquelle plongent les racines de la Renaissance du siècle suivant, brillante Renaissance qui vit tout à la fois la naissance des cités-états, l'expansion de la Grèce vers l'Italie, le renouvellement de l'art, la réapparition de l'écriture et la composition des grandes épopées homériques.


L’Helladique grec (XXIIIe siècle av. J-C – XIe siècle av. J-C)


On date généralement l’arrivée des Grecs en Grèce des alentours de 2300[1]-2200[2] (sauf contre-indication, toutes les dates sont avant J-C). Cette période, marquée par les destructions des sites du l’Age du Bronze Ancien, notamment en Argolide[3], voit, sur le continent, l’interruption brutale des innovations et des expérimentations politiques du millénaire précédent, parmi lesquels les débuts de l’organisation politique et ceux de l’art figuratif.[4] S’amorce alors une nouvelle culture matérielle, celle du Bronze Moyen, ou Helladique moyen sur le continent, en Grèce centrale et méridionale.[5] On interprète traditionnellement[6] cette rupture entre Helladique Ancien et Moyen comme l’impact de l’invasion de peuples semi-nomades venus des steppes de l’Ukraine[7] : les Proto-Indo-Européens.


Si en Crète, l’île étant épargnée par les violences de la fin du Bronze Ancien[8], le Bronze Moyen est l’occasion de l’efflorescence de la civilisation minoenne et de la création de ses fameux palais[9], et si les Cyclades conservent une certaine vitalité[10], la zone helladique paraît quant à elle subir une période de stagnation voire de régression.


La période de l’Helladique Moyen voit éclore la culture « minyenne » – d’après le nom du mythique roi béotien Minyas d’Orchomène[11] – ou culture « de Tirynthe ».[12] Cette culture se caractérise par une céramique, « minyenne » elle-aussi, monochrome lissée[13], de couleur grise, noire, jaune ou rouge[14]. Le souci artistique semble avoir largement disparu.[15]


Amphore minyenne, circa 1700-1600


Contrairement aux siècles précédents, l’Helladique moyen ignore la centralisation et le pouvoir politique. Les aménagements collectifs n’existent plus[16], l’habitat s’organise en complète anarchie[17], et rien ne semble indiquer de hiérarchie sociale[18]. En outre, l’augmentation de la superficie de l’habitat est le plus souvent interprétée comme le signe d’une époque troublée durant laquelle les Minyens se regroupent, par sécurité.[19] La période n’est toutefois pas sans innovations. La Hellade voit notamment l’introduction du tour à potier[20] et le bronze gagne en qualité grâce à la substitution de l’étain à l’arsenic[21].


Entre 1650 et 1500[22], l’émergence d’une aristocratie guerrière enrichie, peut-être à la suite de raids menés en Crète ou en récompense d’une activité mercenaire au service de l’Egypte[23], amorce la mutation de la société grecque, qui entre dans l’Helladique Récent. Quelques centres régionaux émergent, en Messénie, en Attique, et surtout à Mycènes, qui domine alors sans conteste l’Argolide.[24] C’est le début de la civilisation mycénienne.


Envieuse de trésors, l’aristocratie nouvelle stimule le développement artistique de la civilisation grecque. Le relief monumental apparaît sur les stèles funéraires.[25] Le fer fait son entrée dans la région comme métal précieux.[26] L’art d’excellence que sera le travail de l’ivoire mycénien se développe.[27] Aussi, la Crète, alors à son apogée, inspire les artistes : on s’approprie sa faïence[28], on imite sa peinture murale[29], on décore la céramique selon son influence florale[30] et on se pare de bijoux à la mode insulaire[31].


La porte des lionnes de Mycènes d'après Theodose du Moncel, 1845


A partir XIVe siècle[32], la civilisation mycénienne s’organise, en Argolide, en Messénie, en Béotie et certainement en Attique[33], autour de palais, peut-être sur le modèle minoen[34]. Le système palatial nouveau domine une société centralisée, productive, dont les surplus sont collectés, redistribués et exportés[35] sous le contrôle d’une bureaucratie pour les besoin de laquelle[36] est inventé le premier système d’écriture grec connu : le linéaire B. La civilisation hellénique est en pleine expansion ; la Crète passe sous contrôle mycénien[37], et la céramique grecque se répand de la Sardaigne et de la vallée du Pô jusqu’à la haute vallée du Nil et à l’Euphrate[38].


A la fin du XIIIe siècle, les palais mycéniens sont détruits. Les causes en sont encore mal élucidées – tremblement de terre ? invasions ? changement climatique ? révoltes fiscales ?[39] – mais qui s’insèrent en tous cas dans le cadre plus large de l’effondrement de l’Age du Bronze. A la même époque en effet, l’Empire hittite s’effondrait, Troie et Ugarit disparaissaient de l’histoire, Canaan subissait une vague de destruction et l’Egypte devait faire face à l’invasion des peuples de la mer.[40]


Bien qu’au XIIe siècle, certaines régions restent prospères, voire prennent leur essor, comme l’Achaïe, que le palais de Tirynthe est réoccupé et que les formes de la culture matérielle et artistique mycénienne se maintiennent, la Grèce de l’Age du Bronze entre bel et bien dans sa décadence. Le Péloponnèse est gravement dépeuplé, l’art figuratif se fait rare, l’art monumental et de luxe ont disparu, et l’écriture, liée à la bureaucratie des palais, n’est plus attestée. La société mycénienne est fragmentée : les grands royaumes cèdent la place à de petites entités autonomes, dans le cadre desquelles le basileus, fonctionnaire local de la hiérarchie mycénienne[41], se fait roi en son village.[42] C’est le début des siècles obscurs.


On a désigné par l’expression « siècles obscurs » la période qui sépare la fin de la civilisation mycénienne de la Renaissance du milieu du VIIIe siècle. Obscurs, ces quelques siècles nous le sont de moins en moins, tant les découvertes matérielles sont nombreuses, à ce point qu’on a pu proposer de les ramener aux seuls XIe et Xe siècles, sur lesquels nos connaissances sont encore les moins nettes. Par commodité, on peut néanmoins définir les siècles obscurs comme le iatus qui sépare la disparition du linéaire B au début du XIIe siècle et l’invention de l’alphabet au début du VIIIe siècle, iatus qui pour un temps ramène la Grèce à la préhistoire.[43]


Au tournant du XIe siècle, entre 1120 et 1070[44], la Grèce est à nouveau déstabilisée par une série de destructions, à Mycène, Araxos, Lefkandi ; le palais de Tyrinthe est définitivement abandonné.[45] Le monde mycénien est à son agonie.

Selon la tradition, c’est vers cette époque que se serait fixée la répartition géographique des différents dialectes grecs : ionien, achéen, dorien et éolien. Si on suit Eratosthène lorsqu’il historicise la prise de Troie des épopées en la situant en 1183, ce serait dans le courant de la chute d’Ilion que les Achéens auraient conquis Chypre (Théopompe 115F 103J) et ce serait aux environ de 1100 que les Doriens se seraient installés dans le Péloponnèse (Thucydide, 1.12), Doriens qui auraient été eux-mêmes repoussés par l’irruption des peuples Eoliens en Thessalie et en Béotie (Hérodote, 1.56). Pausanias place quant à lui l’installation des Achéens en Achaïe et le départ des Ioniens pour la côte micrasiatique dans les suites de l’invasion dorienne du Péloponnèse (7.1-2). Quant aux Eoliens, leur pays aurait été colonisé par la race d’Agamemnon, et d’abord par son petit-fils, Penthilos, qui se serait emparé de Lesbos (Pausanias, 3.2). On se retiendra d’accorder une foi excessive aux légendes quant à ce sujet sur lequel nous sommes fort mal renseignés.[46]


Le milieu du XIe siècle correspond à la phase « submycénienne », reconnaissable par le répertoire considérablement diminué, quoique toujours typiquement mycénien, des formes et des décorations de la céramique[47]. Les pratiques funéraires mycéniennes laissent place à de nouvelles coutumes : l’enterrement individuel se substitue aux inhumations collectives.[49] Les nécropoles de cette époque laissent deviner une société qui, quoiqu’y subsistent d’importantes disparités de richesses, semble ignorer les distinctions de classes.[51] La crémation s’imposera à Athènes au siècle suivant.[50]


Le long Xe siècle (± -1020 – ± -850)

Les principaux sites de la Grèce géométrique


Dès la fin du XIe siècle, vers 1020, mais peut-être faut-il remonter cette date de quelques décennies[51], un type nouveau de céramique apparait en Attique, dont on trouvera des variantes ailleurs à travers la Grèce.[52] L’archéologie qualifie ce type de « Protogéométrique ». Cette céramique redonne à l’art grec sa vitalité et annonce le renouvellement de la civilisation. Elle se distingue d’abord de la céramique submycénienne par sa qualité : un verni brillant[53], une argile mieux préparée, une cuisson plus dure[54]. Peint avec un sens certain de la composition, le Protogéométrique introduit clairement une ambition constante, non seulement de la céramique géométrique, mais de tout l’art grec après lui, et que Jean Charbonnaux énonce ainsi : « une volonté de structure solide et raisonnée »[55]. Le style, austère, se caractérise par son répertoire résolument abstrait : des cercles ou demi-cercles concentriques peints au peigne à compas[56], et, plus tard, triangles ou losanges quadrillés[57].


Amphorisque protogéométrique, Tyrinthe, Musée archéologique de Nauplie


Il faut peut-être attribuer ce renouveau artistique à l’influence de l’art géométrique chypriote.[58] La Grèce noue en effet à cette époque des liens économiques privilégiés – quoiqu’encore timides au regards des siècles suivant – avec l’Orient, et tout particulièrement le Levant. Les vases attiques[59] et eubéens[60] sont exportés à Tyr ; en Crète, un bol de Cnossos, marqué de l’inscription, en langue phénicienne, « bol de Shema, fils de L… », a montré les contacts précoces de la Crète avec l’alphabet phénicien, au passage du X au IXe siècle[61] ; en Crète encore, le site de Kommos a livré les restes d’un temple phénicien du Xe siècle.[62]


A partir de 900, dans certaines régions, et d’abord à Athènes[63], qui confirme son rôle moteur dans les développements artistiques des siècles obscurs, la céramique quitte le répertoire du Protogéométrique. Elle abandonne notamment les demi-cercles concentriques peints sur épaule. L’art grec fait son entrée dans la phase du Géométrique Ancien. La bande décorée s’abaisse au milieu de la panse du vase et l’artiste opte désormais pour des formes rectilignes, notamment créneaux et méandres.[64]


Du côté de la métallurgie, le Xe siècle voit l’entrée de la Grèce dans l’Age du Fer. La Crète avait déjà commencé à produire des couteaux de fer à rivets de bronze dès le Submycénien.[65] Désormais, épées, poignards, fibules, bagues, épingles de fer se répandent en Hellade[66]. Le cuivre et l’étain sont à présent difficiles à approvisionner[67] ; le fer en revanche peut se trouver sur place, en Eubée notamment.[68]


La société du Xe siècle est organisée en petites communautés agricoles morcelées. Les habitats – quelques huttes rassemblées en villages – semblent ne connaître entre eux aucune hiérarchie ; il n’existe plus, comme à la période mycénienne, de grands centres dominant leurs régions. Les rares sites qui dépassent l’envergure du village sont Cnossos en Crète, Clazomène et Smyrne en Asie mineure, habitats denses, larges et/ou organisés présentant déjà un caractère urbain.[69]


La présence, au milieu des habitats de cette époque, de maisons plus imposantes que les autres, dont on devine qu’elles ont été lieux de pratiques religieuses, suggère l’existence de « résidences de chefs », dans lesquels auraient habité les basileis, les rois, cumulant pouvoir politique et religieux. On a pu postuler que la nature du pouvoir serait alors encore chancelante et qu’en place d’une royauté bien établie, les communautés du Xe siècle s’organiseraient autour de big men, chefs charismatiques dont le pouvoir repose sur les prouesses personnelles plus que sur un système de succession rationnalisé.[70] Sur le site de Lefkandi, la tombe d’un chef guerrier semble avoir en revanche fait l’objet très tôt d’un culte au héros, qui dut servir à légitimer le pouvoir de ses successeurs, enterrés tout autour de son tumulus.[71]


A Athènes, le changement des pratiques funéraires au tournant du IXe siècle, qui concorde avec l’apparition des nouvelles poteries géométriques attiques, dont beaucoup sont destinées à recevoir les cendres des morts, indiquent une évolution de la structure sociale. Le droit à la sépulture se fait plus rare, plus élitiste, la distinction entre deux classes, les agathoi – les bons – et les kakoi – les méchants –, plus nette.[72]


Les progrès de la seconde moitié du IXe siècle (± -850 – ± -800)


Au milieu du IXe siècle, l’intensification des échanges entre les régions égéennes d’une part, et entre l’Egée et le Proche-Orient d’autre part, rend possible l’essor économique et matériel des villes participant le plus activement à ces échanges : nommément Athènes, qui a probablement déjà réalisé l’unité de l’Attique à cette époque et profite de l’exploitation les mines d’argent du Laurion[73], et Lefkandi.[74] Ce resserrement des relations commerciales avec le Levant correspond au temps de l’apogée du commerce phénicien ; la Phénicie envoie alors partout colons et marchands et essaime ses comptoirs en Méditerranée, notamment Kition à Chypre et Carthage en Afrique.[75] En Egée, l’influence phénicienne s’impose également à l’art de Cnossos, en Crète, et de Cos, dans le Dodécannèse, deux sites qui toutefois n’affichent pas la même prospérité matérielle que les deux villes d’Attique et d’Eubée.[76]


Cette période d’enrichissement pour Athènes et Lefkandi a amené l’archéologue britannique John Nicolas Coldstream à qualifier la génération 850-830 de « Réveil ».[77] La Grèce ne connait alors certes pas encore la brillante explosion d'innovations politiques et artistiques du VIIIe siècle, mais le brouillard des siècles obscurs commence à se dissiper.


Lefkandi, site déjà prospère au début du IXe siècle, jouit ainsi de la reprise du commerce avec Athènes, après un demi-siècle de rupture, important céramique et fibules de bronze. De nombreux bijoux d’or - bagues, boucles d’oreille, diadèmes – paraissent quant à eux plutôt venir de Chypre ou du Levant, tandis qu’une cruche de bronze et de nombreuses faïences semblent plutôt des importations égyptiennes.[78]


A Athènes, les tombes du début de la seconde moitié du IXe siècle font étalage d’une richesse spectaculaire : plusieurs d’entre elles ont reçu le dépôt de diadèmes de feuilles d’or, réalisées par des artisans athéniens formés au savoir-faire levantin[79] ; au Céramique, la tombe 41 nous a livré bagues d’or, broches au revêtement d’or, fibules de bronze et objets d’ivoire [80] ; l’urne de la tombe 42 était sellée par un bol de bronze décoré d’une scène de procession cumulant influences syriennes et égyptiennes, probablement l’œuvre d’un artisan phénicien installé à Chypre.[81]


Mais le témoignage le plus impressionnant du Réveil athénien se trouve sur l’Aréopage : la tombe de la Rich Lady, datée de la toute fin de la première moitié du IXe siècle. Cette tombe contenait une amphore cinéraire de magnifique fabrique, dans un style caractéristique de la dernière phase du Géométrique Ancien. Cette urne contenait les restes incinérés d’une jeune femme d’entre 24 et 40 ans et d’un fœtus d’entre 32 et 36 semaines.[82] La présence dans la tombe d’un long coffre étroit, exceptionnellement ostentatoire, dont le couvercle est monté de cinq greniers miniatures, suggère l’appartenance de la défunte à une aristocratie enorgueillie de sa fortune foncière. Exceptionnellement riche, la tombe a également reçu le dépôt d’une large quantité de vaisselle et de plusieurs objets précieux en bronze et en or. Une paire imposante de boucles d’oreilles d’or, en particulier, attire l’attention : leur décoration a été réalisée en filigrane et en granulation, deux techniques perdues depuis la chute des palais mycéniens. Il faut certainement encore y voir l’œuvre d’un artisan athénien formé au savoir-faire levantin. Enfin, un collier enfilant plus d’un millier de disques de faïence, neuf billes de verre et une de cristal, rappelle un collier similaire de Sidon et a probablement été importé d’Orient, de même que deux sceaux et une amulette d’ivoire, matériau dont le travail a lui aussi été perdu en Egée durant trois siècle.[83]


Coffre décoré de cinq greniers miniatures retrouvé dans la tombe de la Rich Lady


Dans le domaine de la céramique, cette génération dorée est également celle, à Athènes, de la transition du Géométrique Ancien au Géométrique Moyen. De nouveaux types de poteries apparaissent, comme le canthare, sorte de vase à boire encadré par deux anses hautes et verticales, et la pyxide à fond plat. La décoration atteint une harmonie architecturale ; chaque partie du vase reçoit une décoration propre sans nuire à l’unité globale de l’ensemble. La bande décorative centrale s’étend désormais souvent jusqu’aux anses. Surtout, l’art attique redécouvre la figuration. Sur un cratère de la tombe 43 du Céramique, on peut apercevoir la silhouette sinueuse d’une pleureuse et un cheval stylisé, signe probable de l’appartenance du défunt à l’aristocratie équestre.[84]


Canthare du Géométrique Moyen


La période de luxe ostentatoire du milieu du IXe siècle est toutefois de courte durée. Entre la fin du IXe siècle et le début du VIIIe, le répertoire des dépôts funéraires se rétrécit et l’or se fait rare.[85]


A Lefkandi, la nécropole semble être abandonnée vers 825, mais un habitat du site, sur la colline de Xéropolis, reste occupé jusqu’aux alentours de 700.[86] On a pu conjecturer que Lefkandi aurait subi un grave revers militaire qui aurait poussé les habitants qui ne bénéficiaient pas de la sécurité du bastion de Xéropolis à s’établir à dix kilomètres à l’est, au tournant du VIIIe siècle, pour fonder Erétrie, dont l’acropole est mieux défendable. Cette hypothèse identifierait alors Lefkandi, nom moderne d’un site dont l’appellation antique est perdue, à l’Ancienne Erétrie dont Strabon (10.1.10) nous a conservé le souvenir. Toutefois, si cette migration depuis Lefkandi a bien eu lieu, elle a pu n’être motivée que par le simple attrait du port naturel d’Erétrie.[87]


En Attique, les tombes, autrefois essentiellement concentrées à Athènes et dans ses environs, se multiplient dans les zones périphériques. Cet accroissement accompagne une décentralisation de la richesse. Les tombes d’Athènes paraissent désormais bien modestes en comparaison de celle de la Rich Lady. C’est au contraire à Anavysos et à Eleusis qu’on trouvera les plus riches tombes de l’Attique.[88]


Les deux tombes les plus opulentes d’Eleusis sont tout particulièrement intéressantes, à deux égards. Premièrement, parce que les femmes qui y reposent ont été inhumées et non incinérées. On voit en effet à cette époque un timide retour de la mise en terre en Attique ; l’archéologie y aura retrouvé cinq adultes, y compris ces deux Eleusiennes, et un enfant enterrés durant cette période.[89] Deuxièmement, parce que, outre de nombreux bijoux de faïence, d’ambre, d’ivoire, de fer, de bronze et d’or, ces tombes contenaient l’une trente-cinq, l’autre environ soixante-dix petites poteries. La qualité, la taille et le nombre de ces poteries suggèrent qu’il s’agisse de marques de dévotion populaire pour ces femmes de haut rang. La présence dans la plus récente de ces tombes d’une statuette d’Isis, évoque immédiatement l’assimilation qu’Hérodote (2.59) opèrerait en son temps entre cette déesse et Déméter, divinité des Mystères d’Eleusis. En acceptant que l’assimilation avec la déesse égyptienne puisse remonter aussi loin, il est tentant de regarder ces tombes comme celles de prêtresses de Déméter.[90]


Cette période connait d’ailleurs plus généralement en Grèce les prodromes de l’autonomie du religieux vis-à-vis du pouvoir royal. La découverte dans le sanctuaire d’Olympie de trépieds de bronze sacrés, destinés à contenir les chaudrons dans lesquels étaient préparés les sacrifices, hors du cadre des résidences de chef le confirme.[91]


En Attique, le mouvement de décentralisation vers les zones périphériques, qui se concentre vers les côtes, est un phénomène finalement naturel pour une cité de plus en plus exportatrice.[92] La céramique du Géométrique Moyen se répand à cette époque à travers l’Egée. Les poteries argienne[93], corinthienne[94] et, du peu qu’on en a conservé, béotienne[95], qui dès le Géométrique Ancien avaient adopté un style atticisant, imitent désormais les formes et les décors du Géométrique Moyen[96], de même que les Cyclades[97], Rhodes, l’Ionie[98], et, à partir du tournant du VIIIe siècle, la Thessalie et la Crète, deux régions qui avaient jusqu’ici maintenu une tradition protogéométrique[99].


Au Levant, les exportations de céramiques grecques, qui au milieu du IXe siècle paraissaient se limiter à quelques poteries retrouvées sur deux sites palestiniens[100], se généralisent. On retrouve ainsi de la céramique de type eubéenne et attique, originale ou d’imitation, sur l’ensemble de la côte levantine. Les Cyclades sont le principal exportateur de ces poteries vers les côtes proche-orientales avant une explosion des exportations attiques aux alentours de 800. En Syrie, la fondation par des Phéniciens, en 825, du site d’Al-Mina à l'embouchure de l'Orontes, vraisemblablement très tôt occupé par une minorité eubéenne s'il faut en juger par la vaisselle, a pu fournir un relais dans la diffusion de la poterie égéenne, y compris fort loin dans l’arrière-pays, jusqu’au site de Tell Halaf, sur les rives du Tigre.[101] En revanche, les importations phéniciennes en Egée se font rare jusqu’aux alentours de 800. Durant la seconde moitié du IXe siècle, la Phénicie a en effet dû faire face aux ravages de l’invasion Assyrienne avant de se retrouver sous la domination araméenne.[102]


En dehors de la Méditerranée orientale, on retrouve aussi de la poterie eubéenne, cycladique et attique sur le site espagnol d’Huelva[103], au-delà du détroit de Gibraltar, signe du décloisonnement de la Méditerranée.


La période voit également l’essor de Corinthe et d’Argos. A propos de cette dernière, on devine, grâce aux exportations de céramiques et d’épingles de bronze, en direction de Tégée et de Cythère, que se constitue à cette époque l’embryon de son hégémonie sur le sud-ouest péloponnésien.[104] Quant à Corinthe, qui est alors un agglomérat de petits villages épars, la « ville » atteint au début du VIIIe siècle les dimensions d’un centre urbain géométrique majeur. De ce moment, ses exportations de céramiques, autrefois limitées à ses environs immédiats, atteignent maintenant Smyrne, Andros, Cnossos, Delphes, Ithaque et même Vitsa en Epire. Corinthe parvient alors aussi à étendre son contrôle direct sur ses alentours au dépend des Mégariens.[105]


Conclusion


La Grèce est ainsi parvenue, au tournant du VIIIe siècle, à l'orée de la Renaissance. L'effondrement de la civilisation mycénienne l'avait un temps laissée exsangue et atomisée; elle entamerait bientôt une période d'expérimentations et d'innovations politiques, intellectuelles et artistiques telle qu'elle n'en avait jamais connue.

A la faveur de la reprise des échanges en Méditerranée, elle est en effet désormais sur le point de connaître une accélération formidable de son histoire, accélération dans laquelle les grands centres qui ont émergé durant les siècles obscurs, Athènes et l'Eubée, mais aussi Corinthe, Argos ou Smyrne, joueraient un rôle de premier plan. Le développement du commerce et le décloisonnement de la Méditerranée appellerait bientôt l'expansion grecque vers l'Italie, où s'établiront les premiers contacts avec les Etrusques et les Latins. L'accroissement de la richesse, au bénéfice d'une classe supérieure au IXe siècle, servirait au VIIIe le développement des cultes civiques, l'érection des premiers grands temples et la multiplication des offrandes, qui devrait développer les arts. Aussi les relations qui se sont nouées avec le Levant rendront possible l'adoption de l'alphabet phénicien, qui deviendra un outil pour la diffusion de la poésie et nourrira la floraison littéraire de la Grèce. Le temps d'Homère est proche. Enfin, le VIIIe siècle verrait, tout particulièrement à Athènes, le développement d'une nouvelle mentalité collective, en rupture avec la société aristocratique qui s'est développée au IXe siècle, et amorcerait un processus qui devrait aboutir, à l'époque classique, à la formation de la polis grecque, creuset par excellence de la civilisation hellénique.


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  • Schnapp A. et al. (dir.), Préhistoire et Antiquité, Paris, Flammarion, 2011 (Histoire de l’art)

  • Treuil R., Darcque P., Poursat J.-C., Touchais G., Les civilisations égéennes du néolithique et de l’âge du bronze, Paris, Presses Universitaires de France, 2008 (Nouvelle Clio)


[1] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, s.l., Editions du Seuil, 1995, p. 30 (Nouvelle histoire de l’Antiquité) [2] B. Le Guen (dir.), M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, Paris, Belin, 2019, p. 29 (Mondes anciens) [3] Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais, Les civilisations égéennes du néolithique et de l’âge du bronze, Paris, Presses Universitaires de France, 2008, pp. 333-334 (Nouvelle Clio) [4] Sur les innovations et progrès du monde égéen au Bronze Ancien, cf : B. Le Guen (dir.) M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., pp. 29-48. [5] La phase qui suit immédiatement les destructions est traditionnellement qualifiée de « Bronze Ancien III », mais on reconnaît désormais que les principales innovations qui définiront le Bronze Moyen datent déjà de cette phase. Cf : R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais, Civilisations égéennes, op. cit., p. 187 [6] Cette attitude qui cherche à expliquer nécessairement les destructions, ainsi que l’introduction d’une nouvelle culture matérielle, durant la dernière partie du Bronze Ancien, par l’invasion de populations migratrices plutôt que par des changements internes à la population autochtone n’est pas sans faire débat. Sur le problème de l’arrivée des Grecs en Grèce cf. : ibid., pp. 207-208 ; J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., pp. 29-32 [7] C’est du moins la théorie M. Gimbutas, la plus fréquemment reprise. Sur les différentes hypothèses avancées quant aux origines des populations proto-indo-européennes, cf : R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais, Civilisations égéennes, op. cit., pp. 207-208 [8] Ibid., p. 185 [9] Ibid., p. 135 [10] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., pp. 42-43 [11] Ibid., pp. 43-44 [12] R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais Civilisations égéennes, op. cit., p. 187 [13] Ibid., p. 187 [14] Ibid., p. 190 [15] Ibid., p. 211 [16] Ibid, p. 209 [17] Ibid., p. 200 [18] Ibid, p. 209 [19] Ibid., p. 209 [20] Ibid., p. 187 [21] Ibid., p. 206 [22] Respectivement date haute de l’établissement du Cercle B de Mycène et date basse de celui du Cercle A. Cf : J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., pp. 44-45 [23] R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais, Civilisations égéennes, op. cit., pp. 257-258 [24] Ibid., p. 279 [25] Ibid., p. 267 [26] Ibid., p. 275 [27] Ibid., p. 277 [28] Ibid., p. 277 [29] Ibid., p. 262 [30] Ibid., p. 271 [31] Ibid., p. 272 [32] Ibid., pp. 355-356 [33] Ibid., pp. 395-398 [34] Ibid., p. 393 [35] Ibid., pp. 356-357 [36] Ibid., p. 501 [37] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., p. 59 [38] R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais, Civilisations égéennes, op. cit., p. 359 [39] Sur les causes possibles de l’effondrement des palais mycéniens : B. Le Guen (dir.) M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., pp. 221-234 [40] Cf : Ibid., pp. 221-222 [41] Sur l’interprétation des fonctions du QA-SI-RE-U mycénien, cf. : R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais, Civilisations égéennes, op. cit., pp. 346, 413 [42] Sur le XIIe siècle grec, cf. : B. Le Guen (dir.) M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., pp. 234-243 [43] Sur la définition et la chronologie des siècles obscurs ainsi que sur les sources qui nous les font connaître, cf. : J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., pp. 75-80 [44] Ces cinquante années correspondent à l’Helladique Récent III C 3, soit la dernière phase de la période post-palatiale mycénienne, Cf. : B. Le Guen (dir.) M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., p. 248 [45] R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais, Civilisations égéennes, op. cit., p. 382 [46] C. Baurain, Les Grecs et la Méditerranée orientale, Paris, Presses Universitaires de France, 1997, pp. 130-153 (Nouvelle Clio). En ce qui concerne les Grecs de l’est, il s’agirait peut-être de ne pas comprendre ces installations comme une brusque colonisation à la fin de l’époque mycénienne mais plutôt comme un lent phénomène de pénétration des peuplements grecs sur les côtes micrasiatiques depuis les premières minorités mycéniennes jusqu’à l’établissement, mieux documenté archéologiquement, d’importantes populations grecques au VIII-VIIe siècles, cf. : pp. 147, 150-152 [47] B. Le Guen (dir.), M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., p. 247 [48] R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais, Civilisations égéennes, op. cit., p. 383 [49] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., p. 102 [50] B. Le Guen (dir.), M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., p. 253 [51] Ibid., p. 248 [52] R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat, G. Touchais, Civilisations égéennes, op. cit., p. 513 [53] A. Schnapp et al. (dir.), Préhistoire et Antiquité, Paris, Flammarion, 2011, p. 346 (Histoire de l’art) [54] V.R. Desborough, « What is protogeometric ? », The Annual of the British School at Athens, 43, 1948, pp. 260-272, p. 261 [55] J. Charbonneaux, R. Martin, F. Villard, Grèce Archaïque, s.l., Gallimard, 2008, p.17 (L’univers des formes) [56] B. Le Guen (dir.), M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., p. 247 [57] R. Martin, L’art grec, s.l., Le Livre de Poche, 1994, p. 62 (Encyclopédies d’aujourd’hui) [58] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., p. 93 [59] B. Le Guen (dir.), M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., p. 266 [60] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., p. 93 [61] Ibid., p. 94 [62] Loc. cit. [63] Ibid., p. 90 [64] J. N. Coldstream, Geometric Greece, Abingdon, Routledge, 2003, pp. 26-28 [65] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., p. 85 [66] Ibid., p. 87 [67] Cette raison économique au développement de l’Age du Fer en Grèce est toutefois contestée. Cf : B. Le Guen (dir.), M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit, p. 250 [68] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., pp. 85-86 [69] B. Le Guen (dir.), M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., p. 255, 257 [70] Ibid., pp. 257-258 [71] Sur la tombe de Lefkandi, cf. : Ibid., pp. 258-260 [72] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., pp. 102-103 [73] Ibid., P. 71 ; Le site de Thorikos a montré les signes de l'exploitation des mines d'argents à cette époque mais la pauvreté des tombes laisse supposer que les mineurs de Thorikos aient dépendu d'un autre site. Si tel est le cas, Athènes doit sans aucun doute le meilleur voire le seul candidat. Cf : J. N. Coldstream, Geometric Greece, op. cit., pp. 70-71 [74] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., p. 55 [75] J. N. Coldstream, Geometric Greece, op. cit., pp. 66-68 [76] Ibid., pp. 68-70 [77] Ibid., p. 55 [78] Ibid., pp. 63-65 [79] Ibid., pp. 60-61 [80] Ibid., p. 56-58 [81] Ibid, p. 58-60 [82] M. Liston, J. Papadopoulos, « The "Rich Athenian Lady" Was Pregnant: The Anthropology of a Geometric Tomb Reconsidered », Hesperia : The Journal of the American School of Classical Studie at Athens, 73, 2004, pp. 7-38, pp. 17-19 [83] J. N. Coldstream, Geometric Greece, op. cit., pp. 55-56 [84] Ibid., pp. 61-63, 73 [85] Ibid., pp. 55-56 [86] J.-C. Poursat, La Grèce préclassique, op. cit., p. 88 [87] J. N. Coldstream, Geometric Greece, op. cit., pp. 88-90 [88] Ibid, p. 78 [89] Ibid, p. 81 [90] Ibid., pp. 78-80 [91] B. Le Guen (dir.), M. C. D’Ercole, J. Zurbach, Naissance de la Grèce, op. cit., p. 271 [92] J. N. Coldstream, Geometric Greece, op. cit., pp. 78 [93] Ibid., pp. 81-83 [94] Ibid., p. 84 [95] Ibid., p. 86 [96] Ibid., p. 102 [97] Ibid., p. 90 [98] Ibid., p. 95 [99] Ibid., p. 87, 99 [100] Ibid., p. 66 [101] Ibid., pp. 93-95 [102] Ibid., p. 103 [103] F. González de Canales, J. Llompart, « Producción de cerámicas griegas arcaicas en Huelva », Archivo Español de Arqueología, 90, 2017, pp. 125-145, p. 125 [104] J. N. Coldstream, Geometric Greece, op. cit., pp. 84 [105] Ibid., pp. 85-86

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