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Je chante les Muses ingénieuses,

Qui au sommet du Parnasse, dansent bienheureuses.

Leurs pieds légers s'élancent sur une juste cadence,

Tandis que leurs bras blancs virevoltent gracieusement.

Les bandelettes sacrées tombent sur leurs épaules,

Et leurs fronts fleuris sont couronnés de joie.

De leurs lèvres, coulent, comme un ruisseau limpide,

Les prières heureuses pour la venue du Dieu.

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Ô Muses, j'entends vos chants ;

J'entends s'élever vos vérités insincères,

Pour la gloire de Celui qui reste à naître.

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Permettez moi de les révéler à mon tour.

 

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Au commencement sont les Eaux profondes.

Et dans les Eaux est l'Abîme.

Au commencement est l'Innomé, qui règne derrière le voile.

Et des Eaux, naquit l'Oeuf.

L'Oeuf était femelle et mâle.

En lui, étaient le Souffle et le Verbe.

De lui, naquit le Premier Né et Zeus Phanès à sa suite.

Et Zeus dit : « Nous sommes. »

De ce moment, s'éleva la première lumière :

La Lune bien pleine, en qui sont Chronos et Adrastée sa compagne.

 

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Zeus, s'élevant par dessus les Eaux, proclama :

« Premier Né, ci est ta demeure : Terre sera son nom.

Et la Terre sera ton épouse.

D'elle naîtra tout ce qui est. »

Il dit et des Eaux surgit, sous la Lune pâle,

La Terre bien ronde que la Mer enserre.

 

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Zeus, s'élevant par dessus la Terre et la Mer, proclama :

« Ci est ma demeure : Nuée sera son nom.

Et la Nuée sera mon épouse.

D'elle naîtront tous les êtres. »

Et au dessus de la Terre et de la Mer fut le Ciel étoilé.

 

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De la Nuée, Zeus nomma ce qui est sur la terre et les êtres qui sont dans le ciel.

Il nomma les hommes, les animaux, les plantes et tout ce qui est vivant.

Il nomma les étoiles, les planètes, la lune et tout ce qui est être.

Il les nomma et tandis qu'il les nommait, Phobos frappa le Premier Né du Grand Effrois.

 

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Zeus vit le coeur du Premier Né se serrer et entendit sa rage monter contre le ciel.

Il lui dit : « Je te comprends. Je sais ta misère. 

Car je le vois comme tu le sens : tout ce que je nomme doit mourir.

Et nous mêmes devrons mourir.

Telle est notre malédiction. 

Mais lorsque je connus la Nuée, j'ai engendré notre Salut.

Contemple et apaise toi. »

Et du ciel Zeus fit descendre son aîné, le Premier des Etres.

 

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Il était beau et sans défaut.

Son pied était sûr, Son visage était serein.

De sa lyre, Il pinçait les notes pures.

De sa bouche, Il chantait les vers étincelants.

 

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Dans sa lumière, le Premier Né fut aveugle.

Dans sa lumière, le Premier Né fut sourd.
Dans sa lumière, Zeus fut éblouis.

Dans sa lumière, Zeus n'entendit que des échos.

Et Zeus se tourna vers le Premier Né et lui dit :

« Il est mon fils, mais Il était avant moi.

Il est mon fils, mais Il n'est jamais né.

Et parce qu'Il n'est jamais né, Il ne mourra pas.

Ecoute moi, car j'entends les échos de Son chant et je sais.

Aime Le et tu n'auras pas d'ennemis,

Aime Le et tu seras sans peine,

Aime Le et tu connaitras ta mesure,

Aime Le et tu ne souffriras plus.

Aie foi car voici Phoibos Apollon. »

 

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Il dit, et dans la Nuée, au dessus de la Terre et de la Mer, s’éleva le Dadouque: le Soleil triomphant. 

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